La République Dominicaine hors des sentiers battus, février 2022
Au-delà des clichés !
Soyons honnêtes, sans la crise sanitaire et la fermeture des frontières de nombreux pays nous n'aurions sans doute pas envisagé un road trip en République Dominicaine. En cause, les clichés et préjugés qui collent à cette destination "soleil" que tout un chacun a tendance à résumer (à tord) à Punta Cana et ses resorts all inclusive. Mais nous ne regrettons pas du tout d'avoir dépasser nos a priori car cette île des Grandes Antilles a beaucoup plus à offrir que ses plages de cocotiers et possède de nombreux atouts.
Entre Cuba et Porto-Rico, la République Dominicaine est un pays indépendant depuis 1844 qui occupe environ les deux tiers Est de l’île d’Hispaniola, Haïti occupant le tiers Ouest. Ultra connue, très prisée des Français, c'est LA destination phare "tourisme de masse" des Antilles : tout le monde a en effet entendu parler de Punta Cana, station balnéaire ultra-touristique aux merveilleuses plages bordées de cocotiers. Mais il suffit de quelques recherches pour comprendre que la "Rép-Dom" ne se résume pas à Punta Cana.
L'Ouest ou le Nord du pays offrent de sublimes plages sauvages et quasi désertes et il y a également un Pico Duarte culminant à 3 098 m, de magnifiques chutes d’eau un peu partout, des lagunes, des cayos, des dunes et des salines (Punta Salinas), des falaises, de jolies villes coloniales, de pittoresques villages de pêcheurs, des mines (larimar, ambre et or), des rizières, des plantations de café, de bananiers, de tabac ou de cacao... Il serait vraiment dommage de passer à côté de toutes ces merveilles, sans oublier bien sûr une riche culture latine, notamment la musique, omniprésente !
Notre programme ?
Nous avons fait le choix d'atterrir à Saint-Domingue, l'objectif du séjour étant de découvrir le pays hors des sentiers battus.
Après deux premières nuits dans la capitale (photos en bas de page), qui vaut le détour (descendre dans le très charmant hôtel Villa Colonial), 4 jours dans le sud-ouest non loin de la frontière haïtienne (région de Barahona, pas vraiment touristique, à l'hôtel Al Mare) pour pouvoir notamment admirer la somptueuse et enchanteresse Bahia de Las Aguilas, notre gros coup de coeur, puis 4 jours au nord-ouest à Punta Rucia, petit village de pêcheurs authentique et paisible que nous avons adoré et dans lequel nous avons loué le bungalow La Reina des Villas Caracoles (chouette sortie snorkeling au Cayo Arena !), et enfin 4 jours au nord-est dans la verdoyante péninsule de Samaná, près de Las Terrenas (Hôtel Casa Cosón), au bord de la sublime Playa Cosón. De là, très belle excursion vers le parc de Los Haïtises. Total : 14 nuits
On a du mal à imaginer en RD des plages sauvages et désertes mais pourtant, il y en a encore un certain nombre, au sud-ouest et au nord-ouest notamment, à la lisière de la frontière haïtienne. Car si le plus gros réservoir à touristes de la RD est situé à l'est, vers Punta Cana, et s'il y a aussi pas mal de resorts au nord, sur la côte d'Ambre entre Puerto Plata et Cabarete (la mecque du kite surf qui vit au rythme du vent et des vagues), les régions côtières de Barahona, Punta Rucia et de la péninsule de Samaná sont quant à elles toujours préservées.
Bilan de ce petit séjour
Location de voiture & conduite
Oui, on peut louer une voiture et conduire en RD, à condition d'éviter de rouler de nuit bien entendu. La plongée dans la circulation dominicaine, totalement anarchique et sans aucun respect des règles, nécessite beaucoup de prudence et une vigilance de tous les instants, il faut s'habituer, c'est chaud chaud chaud ! On croise toutes sortes de véhicules (photos en bas de page). Mais nous avions fort heureusement une jeep confortable dans laquelle on se sentait en sécurité et qui pouvait nous emmener partout pour découvrir la RD authentique. Merci Nicole Lambert qui gère avec Edison la petite agence locale de location de véhicules Dom Rent a Car pour ses conseils ! N'hésitez pas à les contacter si vous souhaitez visiter l'île en toute liberté et sécurité.
Itinéraire et routes
Aucun regret concernant nos quatre étapes, nous avons découvert des régions très différentes, un régal pour les yeux. En revanche, les distances étaient peut-être un peu longues, notamment entre Barahona et Punta Rucia. Les innombrables dos d'ânes et le traffic parfois très intense dans les villes traversées peuvent en effet beaucoup augmenter les durées indiquées par MapsMe, et l'autopista Duarte est de plus assez stressante. Si c'était à refaire, je ne resterais que 3 jours à Barahona, les salines de Bani n'étant pas indispensables à visiter, et passerais une nuit vers Jarabacoa.
- Le trajet entre Barahona et la lagune d'Oviedo prend du temps car on traverse beaucoup de villages et il faut sans arrêt faire attention. Mais la route offre de magnifiques panoramas et j'ai beaucoup aimé ce trançon.
- Le trajet Punta Rucia-Las Terrenas (environ 6 h) se fait sans problème. Il n'y a que la première partie, entre Punta Rucia et Villa Isabela, où la route peut réserver des surprises (compter 2 petites heures entre Punta Rucia et Puerto Plata).
- L'autopista del Nordeste entre la péninsule de Samaná et Saint-Domingue est en très bon état. On peut presque rouler les yeux fermés...
Nos hébergements
A part le Glamping Ecolodge Cueva de Las Aguilas à l'accueil pas sympa et qui ne respecte pas les réservations, nous sommes satisfaits de nos choix d'hébergement (notamment l'Hôtel Villa Colonial à Saint-Domingue et l'Hôtel Casa Coson à Las Terrenas) même si le rustique hôtel Al Mare, un brin spécial, demande un petit temps d'adaptation... La Casa Bonita Tropical Lodge & Spa, un petit boutique-hôtel de luxe (18 chambres) perché sur une colline à Bahoruco aurait été certainement plus chic mais nettement plus onéreux.
Snorkeling
Sans conteste, le meilleur spot est le Cayo Arena à proximité de Punta Rucia (plage où il est possible aussi de voir des poissons en s'éloignant un peu au large). Sur la péninsule de Samaná, les playas Bonita et Las Ballenas proches de Las Terranas permettent également de se faire plaisir.
Météo
Petite déception concernant le temps avec quand même pas mal d'averses (mais il n'y a plus de saison ma pov' dame...). Ne pas oublier qu'il s'agit d'un climat tropical et ce n'est pas un hasard si la péninsule de Samaná est aussi verdoyante, c'est là qu'il pleut le plus !
Santo Domingo, première ville du Nouveau Monde
Samedi 5 février, atterrissage à 15 h (avec 50 mn d'avance, c'est assez rare), change de nos euros à peine descendus de l'avion, bagages récupérés dans la foulée et transfert immédiat vers "Villa Colonial" en taxi réservé par l'intermédiaire de l'hôtel, nous permettant ainsi d'être dès 16 h 30 dans le quartier historique. Nous sommes alors super bien accueillis par Jamon, qui gère l'établissement et parle un français parfait. Il nous donne un plan de la ville et plein d'infos sur la zone coloniale et, sans perdre de temps, nous partons pour une première balade dans ce petit quartier plutôt calme. Cocktails et tapas au coucher du soleil nous attendent sur le roof top du sympathique bar Sugar Cane, face à la cathédrale, où l'ambiance est très festive.
Santo Domingo, plus de 3 millions d'habitants, ville de coeur de Christophe Colomb et première cité du Nouveau Monde fondée en 1498, possède un vieux centre colonial animé et plein de charme qui mérite le détour. La vieille ville, certes plus petite et moins spectaculaire que La Havane, mais facile à découvrir à pied, réserve de jolies surprises. Dimanche 6 février, la journée est donc consacrée à la visite de la capitale en commençant par un coup d'œil au Malecón, le long de la mer, où l'on est rejoint par une course cycliste. Puis on enchaîne avec le Parque Colón, le Panthéon National, le musée Las Casas de Reales et l'Alcazar de Colón sur la Plaza de España. Déjeuner fort correct dans l'agréable patio du restaurant El Buho puis en fin d'après-midi, nouvelle balade vers le quartier de la Atarazana mais la pluie, diluvienne, nous empêche d'écouter le concert prévu à 18 h. Dîner très décevant au restaurant Falafel juste à côté de Villa Colonial.
Le dimanche, des cours de musique, de solfège, sont proposés gratuitement par des bénévoles dans le Parque Colón et des habitants viennenet spontanément jouer en public. C'est vivant, c'est joyeux et très sympa, une école de musique à ciel ouvert !
Hôtel Villa Colonial, une adresse de charme à retenir !
Nous avons beaucoup apprécié ce charmant petit hôtel d'une douzaine de chambres parfaitement bien situé pour visiter la zone coloniale : l'accueil de Ramon tout d'abord, chaleureux et dans un français parfait, avec une limonade fraîche offerte à l'arrivée ainsi qu'un plan et plein d'informations sur Saint-Domingue. L'ensemble du personnel est par ailleurs très aimable et serviable.
La décoration ensuite, des plus réussie, et le petit déjeuner, copieux et vraiment excellent. La chambre quant à elle est propre et confortable, avec une petite table et des chaises sur la coursive bien agréables pour profiter un peu de l'extérieur et du jardin. Seul petit désagrément, l'odeur d'humidité dans la chambre due au manque d'aération et au climat tropical. Plus d'infos sur villacolonial.net.
Boca Chica
A 30 km de Saint-Domingue, Boca Chica est un ancien village de pêcheurs qui est devenu une petite station balnéaire populaire avec une belle plage donnant sur un lagon peu profond faisant le bonheur des familles. Etant située à environ 9/10 km de l'aéroport, nous y avons déjeuné avant de prendre l'avion. Mais nous ne sommes pas allés suffisamment loin vers l'Est, là où sont implantés les hôtels et où se trouve vraiment la plage. Or du côté (pas très chic) de la marina Zarpar, les petits "comedores" à touche-touche le long de l'eau ne sont pas des plus reluisants et avouons-le, nous n'avons pas bien mangé au restaurant "La Bahia Gourmet" qui rimerait plus avec gastro-entérite qu'avec gastronomique ! De plus, on se fait alpaguer par des masseuses et les petites arnaques sont monnaie courante ; notre addition ne correspondait pas à ce que nous avions commandé.
Rio San Juan
Sur la route
Le spectacle est permanent car il y a beaucoup de monde et d'animation le long des routes, c'est là que l'on peut entre autres faire ses petites emplettes. On croise ou l'on suit parfois de drôles d'engins, mais la motocyclette est reine et la majorité des conducteurs de deux-roues ne portent pas de casque. De plus, la traversée des villes et villages, grâce aux innombrables dos d'ânes, permet de capter pas mal de scènes de la vie quotidienne.
Un peu de lecture ? Les Déracinés de Catherine Bardon (2018)
Une grande saga familiale et historique qui conte, de 1921 à 1961, la vie d'un couple charismatique, Alma et Wilheim Rosenheck, jeunes Autrichiens juifs obligés de s'exiler en 1940 en République Dominicaine pour fuir le nazisme.
Ce roman de 750 pages s'inspire de la réalité et dévoile un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale : comment la République Dominicaine proposa de devenir une terre d'asile pour des Juifs européens, afin de redorer le blason de son dictateur Trujillo après les massacres de milliers d'Haïtiens en 1937, relancer l'économie de l'île, "blanchir" sa population, tout cela sous le regard bienveillant des Etats-Unis. Ce sont 650 visas qui seront distribués et la colonie de Sosua, au nord de l'île près de Puerto Plata, se développera comme une communauté agricole de type kibboutz.
Fresque historique et belle histoire d'amour, cette saga très documentée aux personnages attachants permet, en 4 tomes au total, de faire plus ample connaissance avec la République Dominicaine.
Une bande dessinée adaptée du roman a été publiée en 2021.