Cuba, février-mars 2018

Cuba, La Havane
Rue de La Havane dans le Centro Havana

Vieilles voitures américaines, magnifiques villes coloniales, superbes paysages (champs de tabac et mogotes de Viñales, le top !), cigares, rhum et cocktails à gogo, délicieuses langoustes, soleil, plages paradisiaques, musique omniprésente, le Che et Fidel à tous les coins de rue, gentillesse et sourire des habitants… Cuba a tenu toutes ses promesses et nous revenons enchantés de notre séjour de deux semaines sur cette île à nulle autre pareille et un peu déroutante par cette impression de revenir 50 ans en arrière, même si les choses commencent à évoluer doucement. Un peu un musée en plein air. Fin février/début mars est une bonne période, il fait beau sans qu'il fasse trop chaud (les soirées peuvent même être parfois un peu fraîches), la climatisation inutile dans les chambres et c'est la fin de la très haute saison touristique. Et nous n’avons, qui plus est, aucune mésaventure notable à déplorer !.

Seule éventuelle frustration pour les accros au portable, la difficulté à se connecter à Internet.

A Cuba, il faut en effet acheter une carte pour avoir 1 h de connexion et le Wifi est limité à quelques rares endroits (cybercafés, places publiques, parcs et hôtels de luxe devant lesquels un attroupement se forme).

On a donc accepté de faire une petite cure de désintoxication et de rester un peu coupés du monde… à l’insu de notre plein gré... mais on a passé des vacances de rêve. 

Cuba est une grande île et les trajets sont longs. Pour prendre le temps de se poser un peu, il faut éviter de multiplier les étapes. Cinq lieux de séjour différents sur deux semaines suffisent largement.

Le budget pour un couple

Cuba n’est pas une destination trop onéreuse à condition de réserver les billets d’avion au moins six mois à l’avance et de se loger uniquement chez l’habitant, dans des "casas particulares". Evidemment, il faut éviter de faire appel à une agence !

Billets : vols Iberia Paris La Havane avec escale à Madrid : 585 €/pers x 2 = 1 170 €

Hébergements : 13 nuits en casas particulares, chambre double, petits déjeuner compris = 440 € (544 CUC) par couple. 

Transports (4 adultes) : 372,50 € (460 CUC) par couple /920 CUC (745 €) pour quatre.

Voiture avec chauffeur pendant 6 jours 720 CUC (583 €) : à quatre, pas tellement plus cher et bien plus simple que de louer une voiture ou de prendre un taxi collectif. 

* Taxi Trinidad-Varadero 120 CUC + taxi Varadero-aéroport de la Havane 80 CUC

Evidemment, en voyageant en bus, le coût est alors beaucoup plus faible mais c'est plus long et les horaires sont contraints.

Les visites guidées, quant à elles, ne sont pas données : 12 à 15 CUC/personne la visite..

Repas/boissons, visites guidées, entrées sites, musées + cocktails et achat de rhum sans aucune privation ! : 1 400 € par couple

TOTAL du séjour tout compris : 3 382 € par couple

Petit conseil : sur place, ne pas hésiter à négocier les tarifs que les Cubains indiquent et éviter de payer en CUC lorsque le prix demandé est en CUP (un véritable piège !). A Cuba, seul pays au monde à posséder deux monnaies,,il y a en effet depuis 2004 seulement le CUC = peso cubain convertible pour les touristes et le CUP, le peso cubano. Les deux monnaies coexistent afin de séparer l’économie du tourisme de l’économie locale. De manière générale, les prix payés par les touristes sont très élevés par rapport au coût de la vie ici. 1 CUC = env 25 CUP.

Et si une casa ou un taxi propose de trouver et de réserver quelque chose, derrière le service et la gentillesse, il y a aussi une petite commission qui se cache. 

La situation politique et économique

Pas facile, en seulement 15 jours, d'appréhender la situation d’un pays mais, même si Cuba est toujours communiste avec un Etat omniprésent qui contrôle absolument tout (on se sent très surveillé…), on voit bien qu’une évolution est en train de se dessiner grâce aux dernières réformes menées par Raul Castro. Elles permettent notamment d'ouvrir des commerces privés, comme en témoignent les nombreuses "casas particulares" (chambres chez l'habitant) ou les paladares (restaurants privés) et vélos-taxis ainsi que les petits étals que l’on aperçoit sur le pas de la porte ou à la fenêtre de certaines maisons. Les pourboires dans les hôtels et les restaurants permettent aussi d’améliorer le niveau de vie de beaucoup.

Ceci favorise l'émergence d'une classe sociale moyenne qui profite du tourisme (3ème secteur de l'économie), fait relativement nouveau à Cuba, mais qui creuse l’écart avec la population (rurale par exemple) qui ne peut bénéficier de cette manne, le salaire mensuel moyen, 740 CUP en 2016 (25/30 CUC) ne permettant pas de vivre décemment. Impossible d'acheter des vêtements par exemple. Les Cubains doivent donc cumuler plusieurs activités (enseignant le jour, serveur le soir par exemple) et faire preuve de "débrouillardise", légale ou illégale. Ils peuvent aussi bénéficier des "remesas", fonds venant des exilés pour aider leur famille.

Heureusement, l’éducation et l’eau sont gratuites, les frais médicaux remboursés et si Cuba n’est pas le paradis, ce n’est pas l’enfer non plus, ni un pays miséreux, et nous y avons ressenti une certaine joie de vivre malgré les difficultés. De fait, la mortalité infantile était en 2017 de 4,3 % (USA, 5,6 %), l’espérance de vie de 80 ans (USA, 79 ans) et l'alphabétisation de 99 %. C'est le logement qui pose un problème majeur, même si quasiment personne ne dort dans la rue (cohabitation de plusieurs générations sous le même toit), 85 % de la population étant propriétaire de son logement.  

A noter que nous n’avons pas rencontré de touristes américains (tous en voyage organisé en groupes comme l'exige toujours la loi américaine et beaucoup moins nombreux que prévu), mais des Canadiens (et des Russes à Varadero, dans les gros resorts), les Européens (Français surtout) appréciant plus les casas particulares.

Comme dans toute dictature qui se respecte, la propagande est massive, présente partout en ville et sur les routes sous la forme d’innombrables slogans et peintures ou pancartes du Che et de Fidel. 

Cuba, La Havane : place de la Révolution
Plaza de la Revolución

L’alimentation reste le premier poste de dépenses des Cubains (75 %). Les "libretas" (carnets de rationnement) mis en place en 1962 et distribués à tous les foyers permettent d’obtenir des produits de première nécessité à des prix subventionnés par l'Etat dans les magasins d’Etat appelés "bodegas" mais ceux-ci n’offrent souvent que peu de choix. Les étagères de ces magasins d’Etat sont donc tristement vides et la pénurie guette le client. La libreta stipule avec précision les denrées et quantités pouvant être achetées par mois et ne couvre qu'un peu plus d'un tiers des besoins alimentaires des citoyens. Symbole du triste état de l'économie cubaine, c'est aussi un outil de contrôle social.

[Cliquer sur les photos pour les agrandir]

A Cuba, tout prend du temps et il faut savoir patienter pour faire les courses, retirer ou changer de l'argent ou acheter une carte Wifi Etecsa. Et les portables n'ont pas encore détrôné les cabines téléphoniques...

Cuba, file d'attente pour acheter une carte Etecsa à Trinidad
File d'attente pour acheter une carte Etecsa à Trinidad

Un roman à lire ? Dieu n'habite pas La Havane de Yasmina Kadra

Juan del Monte Jonava dit Don Fuego, vieux beau égocentrique, est un célèbre chanteur de rumba qui se retrouve au chômage à 60 ans suite à la privatisation du cabaret Buena Vista Café, vendu à des étrangers comme beaucoup d'autres lieux depuis que Raul Castro a succédé à Fidel en 2008. Déprimé, son chemin croise alors celui d'une belle et mystérieuse jeune fille dont il tombe fou amoureux. Un petit roman lu avec plaisir au retour de notre séjour, pour plonger dans l'univers si particulier de La Havane des années 2010, quand Cuba bascule vers le libéralisme et commence à s'ouvrir au monde, à l'argent, à la modernité. Lire aussi Zoé Valdés : "La Havane mon amour" ou "Les mystères de la Havane".

Et pour les amateurs de romans policiers, il y a bien sûr les incontournables enquêtes du lieutenant Mario Conde à la Havane !

Un livre documentaire ? Cuba en 100 questions de Michel Faure

Pour mieux comprendre Cuba, voici un petit documentaire de 2018, intéressant et abordable écrit par Michel Faure, journaliste et ancien correspondant de l'AFP et de Libération, qui a couvert pendant de nombreuses années l'Amérique latine en tant que grand reporter pour L'Express.

En 100 questions/réponses, l'auteur retrace l'histoire de Cuba et décrypte les réalités sociales, économiques et politiques de ce bastion communiste tropical à l'aube d'une nouvelle ère. Cette présentation sous forme de questions et de courts chapitres indépendants facilite la lecture.

Une revue ?

Le n° 31 de Bouts du monde consacré à Cuba datant de l'été 2017.

Huit carnets de voyageurs différents, avec de beaux témoignages illustrés de dessins et photos de :

Anthony Bourasseau (photographe voyageur), Christelle Guénot (carnettiste, graphiste, illustratrice)

Lapin (auteur de Cuba ; an 56 de la Révolution), Laura Ruccolo (Ecole Nationale Supérieure de Paysage),

Pascal Mannaerts (photographe, site "Parchemins d'ailleurs"), Claire Pendola (auteure de Raconte-moi Cuba), etc.


 A écouter

Les jumelles franco-cubaines Lisa-Kaindé et Naomi Diaz nées à paris en 1994, deux chanteuses engagées qui se sont fait connaître dans le monde entier sous le nom d’Ibeyi (qui signifie jumeaux en yoruba, langue importée à Cuba par leurs ancêtres africains), leur premier album sorti en 2015 ayant attiré l’attention de Pharrell Williams et de Beyoncé. Leur père était le percussionniste cubain Anga Diaz, membre du groupe Buena Vista Social Club.