Ciénaga Grande de Magdalena
Située sur la côte caribéenne entre Santa Marta et Barranquilla, la Cienaga Grande de Magdalena (ou de Santa Marta) est une réserve naturelle et le plus grand des marais marécageux situé entre la rivière Magdalena et la Sierra Nevada de Santa Marta, faiblement séparé de la mer des Caraïbes par un détroit. Refuge pour les oiseaux migrateurs, les mangroves contribuent aussi à la survie des espèces endémiques : caïmans, singes, lamantins, iguanes, loutres, hérons bruns, pélicans… Cette réserve comprend également trois villages lacustres situés à 1 h 30 de bateau (Trojas de Cataca, Buenavista et Nueva Venecia) sur lesquels vivent environ 300 familles de pêcheurs dans des maisons de bois sur pilotis de toutes les couleurs. Ici, le bateau (voire le radeau) est roi quitte à le fabriquer avec des bouteilles en plastique.
C'est avec l'association communautaire ASOGUITUR que nous sommes allés visiter en compagnie d'un couple d'amis français deux de ces villages "palafitos", Nueva Venecia puis Buenavista, qui tentent avec l'aide d'Asoguitur de développer un tourisme durable et responsable pour se sortir de la misère tout en protégeant leur environnement. Avec notre guide Osmiro Jimenez, après 2 h de lancha sur l'immense lagune, nous avons d'abord rencontré un artisan de Nueva Venecia qui nous a expliqué son travail avec le bois flotté, puis nous avons découvert l'ingénieux système de distillation permettant d'obtenir de l'eau potable. Osmiro nous a ensuite montré le terrain de sport couvert, l'école et le mur de l’église sur lequel une plaque commémorative rend hommage aux 37 pêcheurs massacrés le 22 novembre 2020 par des paramilitaires pour terroriser et soumettre la population.
Nous reprenons un peu plus tard le bateau pour rejoindre Buenavista où nous grimpons en haut du petit mirador servant de station hydrométéorologique et permettant aussi d'embrasser une vue d'ensemble sur tout le village. Puis nous allons déjeuner sur la terrasse d'une des maisons et terminons enfin notre excursion par le "vivero", la pépinière de mangrove. Une visite très enrichissante hors des sentiers battus et dans le respect des populations locales et de cet environnement exceptionnel. Tarif : 750 000 COP = env 180 € si seulement 2 ou 3 pers. A partir de 4, c'est 220 000 COP = 52-53 €/personne. Contact Osmiro Jimenez (Asoguitur) : +57 301 6390027
Pour rejoindre le muelle (quai) situé à 7 km de la Casa de Remedios, nous avons pris un tuk-tuk, appelé par la maison d'hôtes : 30 000 pesos AR. Pour notre transfert Ciénaga-Santa Marta (35 km, env 40 mn) en taxi, nous avons payé 100 000 pesos (24/25 €).
La ville de Ciénaga
Peu de touristes pensent ou osent passer une nuit à Ciénaga, important centre urbain du département du Magdalena. Il faut avouer que la ville est méconnue et a très mauvaise réputation. Mais nous nous sommes promenés en toute tranquillité et avons passé une agréable soirée dans le centre historique (nuit Casa de Remedios La Bella). C'est une ancienne ville coloniale qui mérite d'être visitée car elle possède de beaux bâtiments datant de sa splendeur bananière, malheureusement aujourd'hui en piteux état. En effet, les habitants de l'époque, enrichis avec la banane, voyageaient en Europe et revenaient avec plein d'idées (formes de l'Art Nouveau ou Modern Style) pour rénover leurs demeures et les édifices publics. Ciénaga est aussi tristement connue pour le Massacre des Bananeraies qui s'est déroulé le 6 décembre 1928, perpétré par l'armée colombienne pour mettre fin à une grève des travailleurs de la United Fruit Company.
Casa de Remedios La Bella Boutique Hôtel à Ciénaga : 1 nuit en mars 2024
Parfaitement située dans une rue calme du centre historique de Ciénaga et proche de plusieurs restaurants, la Casa de Remedios est une superbe maison coloniale à la décoration soignée, basée sur les personnages féminins des romans de Gabriel Garcia Marquez. Chambre confortable et propre, belle vue sur la ville de la terrasse supérieure, patio très agréable et accueil particulièrement attentif et bienveillant de la part de Lilibeth Polo, toujours disponible pour rendre service ou donner un conseil.
Finca de cacao Miramar
Chouette et enrichissante visite le jeudi 29 février de la finca organique de cacao Miramar, ferme traditionnelle située près de Buritaca, pour découvrir la culture du cacao et la vie de fermiers descendants de l'ethnie Wiwa de la Sierra Nevada de Santa Marta. Une visite qui se mérite car il faut grimper du niveau de la mer à plus de 300 m d'altitude dans la forêt tropicale puis dans la plantation par un étroit sentier en lacets, seul accès possible, à pied ou en mule, pour atteindre la finca. Mais la récompense, c'est une vue exceptionnelle sur la mer des Caraïbes (ce n'est pas pour rien que la finca s'appelle Miramar), un accueil avec une agua de panela bien fraîche et un repas authentique préparé au feu de bois par la mère de notre guide qui, veuve, habite seule dans la maison.
C'est Enelis Nieves, fille d'Enelia, la propriétaire de la finca, qui nous attend au bord de la Ruta 90 pour nous guider pendant toute notre visite. Pendant notre belle grimpette d'environ 2 h, elle commence, lors de petites pauses bienvenues, par nous retracer (en espagnol) l'histoire du cacao, son origine, son introduction en Europe etc. puis nous raconte comment cette culture du cacao a permis à de nombreuses familles de la Sierra Nevada, où la coca était la seule source de profit jusqu’en 2002, de sortir du circuit de la drogue et du contrôle des paramilitaires. Mais la vente des fèves de cacao ne leur permet pas d'obtenir des revenus suffisants et les visites proposées aux touristes (Tour de Cacao & Chocolate) les aident à améliorer leurs conditions de vie. La cuisine extérieure a ainsi été construite récemment grâce au tourisme.
Une fois arrivés à la finca, nous découvrons aussi avec Enelis l'écabossage, qui consiste à briser les cabosses pour en extraire les graines puis le processus de fermentation des fèves dans une grande caisse, sous des feuilles de bananier, qui dure 9 jours et se fait en 4 temps (4 compartiments différents), processus suivi de 6 jours de séchage à l'extérieur, au soleil.
Avant de déjeuner, nous avons eu droit à un petit atelier chocolat : torréfaction au feu de bois, décorticage et broyage des fèves pour fabriquer notre propre pâte de chocolat brut. Une pâte très amère car du 100% cacao, ce n'est pas bon ; pour pouvoir la goûter, Enelis a donc ajouté du miel, qui fait office de sucre, puis nous avons déposé un peu de cette pâte sucrée sur un bout de banane. Bien meilleur ! Et nous avons pu l'emmener avec nous une fois refroidie dans une glacière (pas de frigo ici).
Cette belle expérience authentique, réservée et payée de France, nous a été proposée par la petite agence locale Inspira Colombia créée en 2017 par Juliette Geneau, charmante jeune Française, et son mari Maximiliano qui vivent dans la région et essayent de développer un tourisme communautaire et solidaire bénéficiant directement à la population colombienne. Ce sont eux qui ont aidé Enelia, la maman d'Enelis et de son frère Jaider qui s'occupe de la culture des cacaoyers, à mettre au point ce tour de cacao. Le tarif, 220 € repas et transport privés inclus pour deux, n'est pas donné, d'autant plus que l'excursion est en espagnol : c'est le prix de la tranquillité (on choisit la date et l'agence s'occupe de tout) mais il est malgré tout un peu élevé.
Il est possible aussi de contacter directement Enelis Nieves : +57 321 8256611 ou son frère Jaider : + 57 312 8375776. Dans ce cas, la visite coûte 150 000 pesos = env 36 € par personne, repas inclus. La "Finca MiraMar Tour de Caco & Chocolate" est répertoriée sur Google Maps et l'entrée du chemin donne sur le Troncal del Caribe (Ruta national 90) à la hauteur du Rancho Relaxo, une grille permettant de la repérer.
Parc Tayrona
Le parc Tayrona, carte postale de la Colombie et fierté du gouvernement colombien que nous n'avions pas pu voir en 2017 pour cause de fermeture, ne nous a pas vraiment éblouis. C'est sympa à faire une fois, on ne regrette pas, mais rien d'exceptionnel. Certes, la balade dans la forêt tropicale (12 km aller-retour avec quelques petites grimpettes) est très chouette et les plages sont sublimes, on peut croiser des singes, acheter une noix de coco à des Kogis, se baigner dans la mer des Caraïbes mais le parcours (aménagé) à partir de l'entrée El Zaino est assez aseptisé et le monde quand on arrive à la célèbre Playa Cabo San Juan del Guia gâche un peu le plaisir. De fait, nous avons plus apprécié nous promener et nous détendre sur les plages sauvages et désertes de Los Angeles ou de Los Cocos situées à Los Naranjos (voir en bas de page).
Parc très touristique, il y a foule dès l'ouverture à 8 h du matin et il est donc prudent d'arriver plus tôt pour éviter de faire la queue trop longtemps. Car le souci, c'est le manque total d'organisation pour accueillir les visiteurs. Arrivés dès 7 h 45, nous sommes passés aux caisses 45 mn plus tard, à 8 h 30 : d'abord, il faut régler le seguro (l'assurance) et mettre un premier bracelet autour du poignet, puis il faut montrer son passeport (ou copie sur le portable) à une caisse, aller payer à une autre et revenir à la première pour récupérer son billet et un second bracelet et enfin passer le contrôle. Quelle perte de temps ! De plus, les baños étaient fermés... Incompréhensible quand on voit le monde et le coût de l'entrée. On monte ensuite dans un minibus blindé (15 personnes), conduit par un chauffeur fort peu aimable, qui permet de gagner du temps en nous amenant 4 km plus loin à Cañaveral. Et là enfin, on peut commencer à marcher...
A savoir : le parc ferme chaque année aux mêmes dates (1-15 février/1-15 juin/19 oct-2 nov) à la demande des populations indigènes de la Sierra Nevada de Santa Marta pour leur permettre de faire leurs rituels à la Terre dans ce territoire sacré et laisser aussi la nature respirer.
Parc de Taironaka, février 2017
A 56 km de Santa-Marta, aux pieds de la Sierra Nevada, le parc fleuri et protégé de Taironaka est superbe et sa visite permet de découvrir la culture Tayrona au milieu d'une végétation luxuriante.
On emprunte un sentier écologique permettant d'admirer faune et flore et on peut y voir des terrasses restaurées où les indigènes construisaient leurs logements, un petit musée archéologique possédant des pièces originales et une hutte traditionnelle dans laquelle il est possible de suivre le rituel de la "Aseguranza" (assurance) avec un leader spirituel Kogi qui attache un bracelet à chaque poignet pour nous protéger des mauvais esprits et des forces pouvant nuire à notre santé physique et mentale. Pour les Kogis, descendants des Tayronas, la zone est d'une grande importance.
Le parc longeant le fleuve Don Diego, il est possible de prolonger cette intéressante visite par une baignade fort agréable et une descente en bouée ou en kayak.
Nous avons fait cette excursion en remplacement de celle du parc Tayrona, fermé temporairement en 2017 du 28 janvier au 28 février à la demande de plusieurs tribus indigènes pour qu'elles puissent réaliser leurs activités spirituelles (rituels d'offrande) et matérielles afin que la nature puisse se rééquilibrer.
La visite nous a enchantés mais nous aurions aimé que la descente en bouée aille jusqu'à la mer et pouvoir également randonner plus longtemps. L'excursion devait en effet théoriquement durer presque une journée et non pas juste la matinée.
Hébergements à Los Naranjos
Hôtel Isabella Tayrona : 4 nuits en 2024
Nous avons beaucoup apprécié nos quatre nuits dans l'hôtel Isabella Tayrona, établissement de charme à taille humaine situé à 3 km de l'entrée El Zaino du parc Tayrona : on peut y aller avec le colectivo (minibus vert et bleu) qui s'arrête devant l'hôtel. Nous étions au 1er étage d'une cabane située au calme tout au fond du petit jardin, le top avec sa jolie terrasse permettant d'observer les oiseaux. La chambre est immense et très propre, la literie confortable, le cadre magnifique et le personnel d'une extrême gentillesse, notamment Patricia, la manager, qui fait absolument tout pour que notre séjour soit le plus agréable possible. Et que dire du restaurant, nous nous sommes régalés et avons félicité le chef à plusieurs reprises pour sa savoureuse cuisine ! Les cocktails concoctés par Patricia sont également parfaits et il est très agréable de déjeuner ou de dîner au bord de la piscine. Seul bémol : le côté un peu spartiate de la chambre qui possède un frigo mais pourrait être davantage meublée, avec de quoi poser son sac de voyage tout d'abord et une petite table ainsi qu'une chaise ou un fauteuil.
Finca Barlovento Cabaña & Maloka à Los Naranjos : 3 nuits en 2017
Nous avons eu un vrai coup de cœur pour la Finca Barlovento Cabaña & Maloka (ou Senda Maloka Barlovento), cet écolodge atypique dont le principal atout est sa situation exceptionnelle entre mer et rivière (Rio Piedra) offrant des vues absolument magnifiques. L’intérieur est également original et très relaxant. Un lieu paisible et unique en pleine nature, aux portes du parc Tayrona. Les chambres de la partie Maloka (qui signifie "votre maison") situées à l'étage près du salon sont spacieuses et agréables mais la wifi ne fonctionne que dans les espaces communs et il n’y a pas d’eau chaude. Les chambres du bas doivent être moins sympas. Les plages aux alentours sont très belles mais un peu dangereuses à cause du courant et des vagues.
Pour le petit déjeuner et le dîner, tout le monde mange sur deux grandes tables, c’est convivial si on apprécie bien sûr l’ambiance "chambre d’hôtes". Le soir, après le service, tout le personnel s’en va et l'on peut profiter au calme du salon et se servir dans le frigo en notant simplement les consommations prises sur un carnet. Juste à côté de l'hôtel, possibilité d'aller se baigner (avec prudence...) sur l'immense et superbe plage bordée de cocotiers de Los Angeles, sur laquelle il y a quelques restaurants et un camping. Une plage de rêve, quasi déserte en février.
Comment accéder à Playa Los Angeles ?
La longue et splendide Playa Los Angeles est une plage privée, réservée aux hébergements installés à côté, et son entrée se fait par un sentier gardé à partir de la Ruta national 90. Suite au décès d'un propriétaire, cet accès est resté fermé 3 jours, juste pendant notre séjour en mars 2024, mais il est possible de passer par la très jolie Playa Los Cocos située dans son prolongement. Il faut marcher un peu plus longtemps (1,5 km) sur la route 90 jusqu'au Raiz Cafe Boutique et il y a alors un petit chemin qui mène à la plage. Si on n'a pas peur de se mouiller un peu, il suffit de grimper sur les rochers séparant les deux plages pour atteindre Los Angeles. Autre solution mais il faut connaître le coin, aller à la Playa Los Naranjos puis traverser le rio Piedra, passer devant l'hôtel Barlovento et trouver le discret sentier dont l'entrée est caché dans la haie.
Ciénaga, parcs Tayrona & Taironaka
La Guajira, Uribia, Cabo de la Vela