Jordanie & Oman

Femmes à Oman
Femmes à Oman

L'un et l'autre ont bien sûr quelques points communs et nous sommes enchantés de les avoir visités tous les deux.

Ce sont tous deux des monarchies parlementaires stables du Moyen Orient possédant un riche passé et offrant de superbes paysages : désert, montagnes, wadis…

La religion dominante est l’islam (Sunnites en Jordanie, Ibadites à Oman), la langue officielle l'arabe, l’alcool est interdit mais le thé (bédouin notamment) ou le café délicieux, les habitants sont accueillants, la vie y est assez chère, l'été extrêmement chaud, l'eau précieuse et la situation des femmes (souvent invisibles) très peu enviable. 

Mais ils sont aussi assez différents. La Jordanie est un pays plus récent, plus petit, plus peuplé, plus pauvre, plus touristique (et malheureusement plus sale) qui a bien du mérite d'accueillir avec bienveillance autant de réfugiés depuis tant d'années et qui ne compte que 27 km de côtes alors qu’Oman, destination encore préservée, est le pays du légendaire Sindbad le marin, un pays de marins bordé au Sud et au Sud-Est par la mer d'Arabie, au Nord-Est par le golfe d'Oman, et dans lequel la pêche et la fabrication de dhows (voiliers traditionnels en bois) reste une tradition importante. La population omanaise se concentre sur le littoral, la jordanienne à Amman (800 m d’altitude) et dans les villes au Nord du pays (Irbid, Zarqa, Mafraq). 

Jordanie : les déchets omniprésents, un problème qui va finir par nuire au tourisme jordanien, ici le long de la route mer Morte-Mont Nébo
Les déchets omniprésents, un problème qui va finir par nuire au tourisme jordanien, ici le long de la route mer Morte-Mont Nébo

La Jordanie cumule les problèmes 

- A l’échelle mondiale, ce petit royaume accueille la deuxième plus grande proportion de réfugiés par rapport à sa population : 1,3 million de réfugiés venant de Syrie depuis 2011.

- Très dépendant des aides extérieures, il doit faire face à de sérieuses difficultés économiques. Avec seulement 38% de sa population économiquement active, il a le taux de participation au marché du travail le plus bas du monde. Le taux de chômage avoisine les 19 % et 20 % de la population vit à la limite du seuil de pauvreté. Des manifestations sont menées par les jeunes contre les mesures d'austérité.

- C'est le 5ème pays du monde le plus pauvre en eau, qui constitue aujourd'hui "une question de sécurité nationale" d'autant que le changement climatique, l’ensablement du Jourdain, les puits illégaux et l'afflux de réfugiés syriens aggravent la pénurie (123 m3 par personne et par an au lieu de la norme internationale de 1 000 m3).

- Le problème des déchets devient urgent à régler, le pays se transformant en décharge à ciel ouvert.

- Le tourisme, secteur vital pour l'économie, même s'il a retrouvé quelques couleurs ces deux dernières années, est en déclin par rapport à la période 2000-2010 à cause des révoltes dans le monde arabe de 2011 (Printemps arabe) et de l'instabilité politique des pays voisins, ce qui n'empêche pas une certaine sur-fréquentation des sites majeurs (Pétra, Jerash). L'attaque au couteau contre des touristes du 6 novembre 2019 à Jerash ne va pas améliorer la situation.

Jordanie : Jerash le 22 octobre 2019, temple d'Artémis
Jerash le 22 octobre 2019 : temple d'Artémis

Par contre, la Jordanie possède un joyau, la cité nabatéenne de Pétra, et des sites archéologiques gréco-romains exceptionnels comme Jérash, Um er-Rasas ou Gadara (Umm Qais). Les Grecs, Romains, Nabatéens, Perses et Ottomans y ont en effet laissé de nombreux et splendides vestiges. Le pays avec son panorama culturel très riche et varié convient donc mieux à un séjour consacré à des visites ou à des excursions qu'à la détente et au luxe et fait le bonheur des amateurs d'histoire. Le tourisme religieux est également important, la Jordanie comptant plusieurs sites bibliques (Béthanie, Mont nébo). 

Oman de son côté, offre moins de richesses archéologiques mais il y a malgré tout plusieurs sites intéressants, des forts (Bahla, Nizwa, Jabreen), des souks (pas de véritables souks anciens en Jordanie), des marchés, d'anciennes maisons en terre de style yéménite (Al-Hamra) et surtout la mer (plages et plongée à Mascate, fabrication des dhows à Sur, tortues, dauphins... ) permettant de combiner visites et séjours balnéaires. 

Quant aux paysages, ils sont superbes dans les deux pays. Coup de coeur pour le désert du Wadi Rum et la réserve de Dana en Jordanie, le plateau de Sayq (cultures en terrasses) et le wadi Ghul à Oman, pays possédant des sommets plus hauts, des wadis plus spectaculaires dans lesquels il est possible de se baigner (piscines naturelles !) et de magnifiques et luxuriantes palmeraies parcourues par les aflaj, ce système d'irrigation unique inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

J'aurais peut-être une petite préférence pour Oman, moins touristique encore pour le moment, où la nature me semble plus préservée, la cuisine un peu plus authentique, avec une population aussi accueillante qu'en Jordanie. 

Le tourisme en Jordanie

Près de 4,2 millions de visiteurs ont été accueillis en 2017, en légère hausse par rapport à 2016, mais loin des huit millions de touristes reçus en 2010 (dont 85 000 français), année record avant le conflit syrien et le Printemps arabe. Les autorités ont donc cherché à diversifier l'offre touristique en développant le tourisme religieux (Mont Nébo, Béthanie, Madaba), le tourisme sportif et d’aventure (en pleine expansion) dans le désert du Wadi Rum et dans la vallée de Dana, le tourisme balnéaire au bord des mers Morte et Rouge (bateaux de croisière à Aqaba) et le tourisme médical (opérations du coeur et des reins, fécondation in vitro) pour les patients étrangers venant des pays arabes. Et, après quelques années difficiles, le tourisme a repris des couleurs : hausse de 43 % des touristes français (34 500) entre janvier et août 2019 par rapport à la même période en 2018. Mais l'attaque terroriste à Jerash le 6 novembre 2019 risque de donner un nouveau coup de frein.

Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco 

Pétra, le Qusair Amra, le site archéologique d’Um er-Rasas, Béthanie au-delà du Jourdain et Wadi Rum

Les plus de la Jordanie

- La richesse du patrimoine

- Les paysages époustouflants du Wadi Rum

- Les magnifiques fonds marins de la mer Rouge

- L'offre hôtelière à un prix raisonnable

- Le Jordan Pass lancé en 2015, comprenant le visa et l'accès à 40 sites

Oman, Mascate : la corniche du quartier historique de Mutrah avec ses anciennes maisons de marchands en bois ornées de balcons sculptés
Mascate : la corniche du quartier historique de Mutrah avec ses anciennes maisons de marchands en bois ornées de balcons sculptés

Le tourisme à Oman

Le Sultanat s’ouvre au tourisme depuis peu mais c'est le 2ème secteur participant au PIB derrière le pétrole. Le ministère du Tourisme omanais souhaite atteindre les 11,7 millions de touristes internationaux et nationaux en 2040. Un bond considérable par rapport aux 3,3 millions accueillis en 2017. Oman développe donc ses équipements touristiques, notamment de grands complexes hôteliers. En 2018, Oman a reçu plus de 60 000 touristes français (seulement 2 000 en 2002), soit une hausse la plus forte de tous les marchés européens de + 21 % sur un an. L’Allemagne avec 64 000 touristes est à + 9 %. Le Royaume-Uni (134 000 touristes) perd 1%.

En savoir plus sur le site d'information Orient XXI : "Oman. Le tourisme pour remplacer le pétrole"

Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco 

Le fort de Bahla ; les sites archéologiques de Bat, Al-Khutm et Al-Ayn ; la Terre de l'encens ; les systèmes d'irrigation aflaj.

Les plus du Sultanat d'Oman

- La réunion du désert, de la montagne et de la mer

- Une destination authentique et préservée, pas encore touchée par le tourisme de masse

- Un pays stable et sûr où l'insécurité est inexistante

- L'hôtellerie de luxe de qualité

- Le camping sauvage accepté

Oman : gigantesque, impressionnante, majestueuse... la Grande Mosquée du Sultan Qaboos à Mascate
Gigantesque, impressionnante, majestueuse... la Grande Mosquée du Sultan Qaboos à Mascate